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Arte fact .
18 mai 2019

La vengeance est un plat qui se mange froid. Zamor, le page de madame du Barry

Madame_du_Barry_and_the_Page_Zamore_by_Gauthier-Dagoty

8 décembre 1793.  La comtesse du Barry arrive sur la place de la Révolution (actuelle place de la concorde). Ce sont ses derniers instants. Elle attend avec dignité de monter sur l’échafaud devant la foule de curieux venus assister au spectacle.

Mais pourquoi une ancienne favorite royale, pourtant retirée de la cour depuis plusieurs années, est-elle condamnée à mort ? Mais par vengeance bien sûr ! Zamor, son ancien page, vexé d’avoir été renvoyé par sa maîtresse, l’a dénoncé pour « activités contre-révolutionnaires ». La période révolutionnaire est parfaite pour les vengeances privées. La délation est devenue à la mode. Une loi est même votée pour accélérer les procès : « la loi des suspects ». Un soupçon ? Et hop ! On vous envoi à la guillotine ! Madame du Barry sera l’une des victimes de ce massacre institutionnalisé.

Mais revenons quelques années en arrière sur les rives du Bengal…. L’esclavage est alors légal. L’être humain peut devenir un objet de valeur : enlevé, vendu, acheté. Zamor est un enfant bengali victime de ce trafic. Il arrive en France en 1771. Libéré de l’esclavage, il entre au service de la maîtresse du roi Louis XV : la très controversée madame du Barry. Il a 11 ans. Oui oui : 11 ans ! Dans la bonne société l’exotisme est à la mode : jusque dans les serviteurs. Il est de bon ton d’employer un « nègre »ou tout autre personne de couleur. Malsain et raciste me direz vous. Mais non ! Ce sont des aprioris de notre siècle. Au XVIIIème, l’étranger est symbole de voyage, de rêves d’orient, de richesse.

Zamor n’est pas un simple page. Il est choyé et éduqué par la comtesse. Il sait lire (ce qui était réservé aux personnes d’un certain rang) et s’intéresse même à la philosophie. Après la mort de la comtesse, il donnera même des leçons de lecture. A Versailles, il vivra dans le luxe et l’insouciance. Mais en 1774, à la mort du roi, la comtesse tombe en disgrâce. La famille royale, et notamment, la reine Marie-Antoinette, lui voue une haine tenace. Afin de laver ses pêchers, la comtesse est envoyée au couvent.  Et oui, le combat féministe n’est pas franchement d’actualité au XVIIIème. Un homme adultère, c’est tolérable (voire excusable s’il s’agit du roi) mais une femme, ce n’est pas la même histoire…. La peine dure un an. Ensuite la comtesse est autorisée à revenir dans son château de Louveciennes. Avec ses domestiques et Zamor, elle tient des salons littéraires et se lie d’amitié avec des philosophes comme Voltaire.

Il existe un seul portrait de la comtesse et Zamor. Il est réalisé par le peintre de cour Jean-Baptiste André Gautier d’Agoty. Madame du Barry, accoudée à sa coiffeuse, est en train de déguster le chocolat chaud (boisson très à la mode) que lui apporte Zamor. Est-ce un portrait ressemblant de Zamor ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Le talent de Dagoty, peintre de cour spécialisé dans les portraits, était plutôt controversé. Madame Campan, amie de Marie-Antoinette, dira un jour « le plus misérable des artistes ». Quelle ambiance à la cour !

Lorsque la révolution éclate, Zamor se rapproche des milieux révolutionnaires. Il écrit même des pamphlets franchement insultants, sur sa maîtresse. Madame du Barry l’apprend. Très en colère (on peut la comprendre), elle renvoi Zamor. Furieux, il la dénonce et par ce geste, la condamne à mort. Eu t’il ne serais-ce qu’un regret ?  

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Commentaires
M
Pas franchement reconnaissant le bengali...
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