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Arte fact .
11 novembre 2019

Le hameau de Marie-Antoinette

 

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         « Malbrough s’en va en guerre, mironton, mironton, mirontaine…. ». Voici les premiers mots de l’une des chansons les plus populaires de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Quel est le lien avec le hameau de la reine me direz-vous ? Nous y venons…. Malbrough est une chanson populaire antibritannique, comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. Des couplets furent même intégrés par Beaumarchais dans son célèbre « Mariage de Figaro ». Ayant déplu au souverain, la chanson de Malbrough est censurée.

          Marie-Antoinette, ignorant totalement la censure, est séduite par cette chanson et son air entrainant. Ce que chante la reine devient alors à la mode. Des objets de toutes sortes sont édités illustrant des scènes de  la chanson : vaisselle, éventails, chapeaux etc…. Mais la reine ne s’arrête pas là. En hommage à cette chanson, elle va baptiser l’une des fabriques de son hameau « la tour de Marlborough ».  Bâtiment artificiel, comme le reste du hameau, la tour symbolise à elle seule la vision désinvolte et presque enfantine de la reine, en quête perpétuelle d’insouciance pour échapper à une vie de contraintes à la cour de Versailles.

           Le domaine du petit Trianon est offert par le roi Louis XVI à son épouse au début de son règne. Très vite, il lui offre les terres attenantes afin de construire dans un premier temps un jardin anglais puis un hameau. Nous sommes dans les années 1780, les idées de Jean-Jacques Rousseau sont admirés par certains membres de l’élite et notamment Marie-Antoinette, qui contrairement à ce que l’histoire veut montrer d’elle, aimait les plaisirs simples. Les hameaux, symboles de la rusticité de la vie paysanne, sont construits dans différents domaines : chaumière aux coquillages à Rambouillet, hameau du château de Chantilly…. Dans cette même veine, la reine, toujours à la pointe de la mode, commande à son architecte Richard Mique un hameau.

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            Le projet est dessiné par Hubert Robert, peintre et paysagiste de Versailles. Près de 40 000 arbres sont plantés dans le domaine pour constituer un écrin de verdure autour du hameau. Les maisons sur construites en imitant les chaumières normandes. Mique construit : une tour, un moulin, un boudoir, un billard, un réchauffoir, une maison de la reine. Ces fabriques destinées à la réception sont accompagnés de bâtiments  pour  l’exploitation agricole : une étable, une ferme, une porcherie, une bergerie, deux laiteries, un poulailler etc. Pour faciliter les cultures, un apport de terre est réalisé. Des familles de fermiers viennent s’y installer pour exploiter le domaine. Pour imiter des demeures anciennes, les murs des bâtiments sont peints en fausse brique, en pierre défraîchie ou en bois. Une escarpolette (balançoire) est construite pour les enfants royaux devant la maison de la reine.

            Marie-Antoinette reçoit dans son domaine ses amis proches, ce qui ne manquera pas de susciter de la jalousie de la part de certains membres de la cour, déçus de ne pas faire partis du cercle intime de la souveraine. Des jeux, des goûters, des diners, sont organisés. Lors de ces réceptions, Marie-Antoinette sert à ses invités les produits de la ferme. Il ne faut pas s’y méprendre, l’aspect extérieur plutôt simple des chaumières contraste avec l’aménagement intérieur, décoré avec soin. Le hameau, bien qu’utilitaire, reste un lieu de divertissement. Le « goût rustique » entretenu par la reine a été savamment conçu par les plus grands décorateurs de l’époque.

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            La reine est dans la grotte du jardin anglais de petit Trianon lorsque Louis XVI l’a fait mander en juillet 1789. Elle quitte son domaine pour ne plus jamais le revoir. Le hameau, un temps entretenu par les familles de fermiers, se dégrade rapidement. L’impératrice Marie-Louise, parente de Marie-Antoinette, va faire restaurer le domaine et aura à cœur de lui redonner son lustre d’antan. Il faudra attendre plus d’un siècle pour qu’une nouvelle campagne de restauration soit engagée sous l’impulsion de John Rockfeller dans les années 1930. La tempête de 1999 n’épargne pas le domaine où quantité d’arbres sont déracinés. La dernière campagne de restauration engagée dans les années 2000 permet de restaurer les fabriques les plus emblématiques du hameau. Les décors intérieurs sont rafraichis. Certaines maisons sont remeublées. La ferme du domaine est aujourd’hui un refuge de la fondation assistance aux animaux : chèvres, brebis, lapins, cochons d’inde et divers animaux y sont accueillis.

            Le  hameau de petit Trianon, appelé « hameau suisse » par ses contemporains, sera source de multiples scandales. Vous rendez-vous compte, la reine y recevrait ses amants ! Venez visiter ce petit paradis d’une reine malaimée de ses sujets. Vous y sentirez peut-être ce vent de liberté qui était tant apprécié par Marie-Antoinette.

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