Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Arte fact .
24 novembre 2019

Remettez ce lion en cage !

 

louvre-lion-serpent_125

Nous sommes en 1833. Le Salon de peinture et de sculptures vient d’ouvrir ses portes au Louvre et déjà les critiques fusent. Les partisans de l’art académique sont outrés de voir exposé sous leurs yeux un gigantesque lion en plâtre tuant un serpent. Il faut dire qu’avec cette œuvre Antoine-Louis Barye bouleverse les codes de l’art. Jamais un animal n’a fait l’objet d’une œuvre à part entière ! En effet, même si le XIXème siècle reste incubateur des mouvements les plus novateurs  (Romantisme, Impressionnisme…), il ne faut pas oublier que l’art officiel, celui encensé par les critiques, reste l’art académique.  L’académisme obéit à un certain nombre de règles. Les œuvres sont classifiées en fonction notamment du thème représenté. Gare à celui qui tente d’innover ! Les artistes qui ne suivent pas les règles de l’art académique sont exclus des Salons, critiqués avec virulence et ne peuvent postuler pour les commandes de l’Etat : au XIXème l’Etat est l’un des principaux mécènes de l’art.

Barye n’est pas à son premier coût d’essais. Au Salon de 1831, il avait déjà présenté une sculpture animalière représentant un tigre dévorant un gavial. L’œuvre fut critiquée bien évidemment, mais de petite dimension, elle reste moins spectaculaire que le lion au serpent. En effet, la sculpture en plâtre mesure 1m35 de hauteur et 1m78 de largeur. Ce qui correspond plus ou moins à la taille d’un lion grandeur nature.

213269

Sculpteur parisien, Barye ne fera jamais de voyage en Orient comme certains artistes tel Eugène Delacroix, grand ami du sculpteur. Les deux hommes passaient des journées entières à la ménagerie du muséum d’histoire naturelle (actuelle ménagerie du jardin des Plantes). Ils étudiaient les animaux, leur anatomie, leurs postures, leurs mouvements, leurs expressions. Barye ne verra dans sa vie que des lions en cage néanmoins son approche d’étude méticuleuse permet de représenter un animal d’un grand naturalisme. Le lion semble prendre vie sous nos yeux. Les muscles sont saillants sous l’effort. Barye représente l’instant précédent la mise à mort : va-t-elle avoir lieu ? Le lion semble suspendre son geste.

Derrière cette sculpture se cache un symbole politique fort qui fut largement critiqué par les adversaires de la monarchie de Juillet. En effet, le lion est l’animal symbolique de la monarchie. Le 9 août 1830, après les Trois Glorieuse, Louis-Philippe d’Orléans instaure un nouveau régime politique : la Monarchie de Juillet. Ce groupe sculpté serait donc une représentation de cette accession au pouvoir.

Lion_au_serpent_Antoine-Louis_Barye

 A la suite de sa visite au Salon de 1831, le roi Louis-Philippe va commander à Barye une édition en bronze. Livrée au roi en 1836, la fonte est réalisée par Honoré Gonon. Le groupe sculpté va être installé dans le jardin des Tuileries. Certains critiques iront jusqu’à comparer le jardin à un zoo : « Prend-on le jardin des Tuileries pour une ménagerie ? Remettez ce lion en cage ! ». Qu’importe, le groupe va rester sur place jusqu’en 1911. Aujourd’hui le groupe en plâtre est visible au musée des beaux-arts de Lyon et le groupe en bronze, au musée du Louvre dans le département des sculptures.

Photographies: RMN, Musée du Louvre, Wikipedia

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Belle bête!!!
Répondre
Arte fact .
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité