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Arte fact .

24 novembre 2019

Remettez ce lion en cage !

 

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Nous sommes en 1833. Le Salon de peinture et de sculptures vient d’ouvrir ses portes au Louvre et déjà les critiques fusent. Les partisans de l’art académique sont outrés de voir exposé sous leurs yeux un gigantesque lion en plâtre tuant un serpent. Il faut dire qu’avec cette œuvre Antoine-Louis Barye bouleverse les codes de l’art. Jamais un animal n’a fait l’objet d’une œuvre à part entière ! En effet, même si le XIXème siècle reste incubateur des mouvements les plus novateurs  (Romantisme, Impressionnisme…), il ne faut pas oublier que l’art officiel, celui encensé par les critiques, reste l’art académique.  L’académisme obéit à un certain nombre de règles. Les œuvres sont classifiées en fonction notamment du thème représenté. Gare à celui qui tente d’innover ! Les artistes qui ne suivent pas les règles de l’art académique sont exclus des Salons, critiqués avec virulence et ne peuvent postuler pour les commandes de l’Etat : au XIXème l’Etat est l’un des principaux mécènes de l’art.

Barye n’est pas à son premier coût d’essais. Au Salon de 1831, il avait déjà présenté une sculpture animalière représentant un tigre dévorant un gavial. L’œuvre fut critiquée bien évidemment, mais de petite dimension, elle reste moins spectaculaire que le lion au serpent. En effet, la sculpture en plâtre mesure 1m35 de hauteur et 1m78 de largeur. Ce qui correspond plus ou moins à la taille d’un lion grandeur nature.

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Sculpteur parisien, Barye ne fera jamais de voyage en Orient comme certains artistes tel Eugène Delacroix, grand ami du sculpteur. Les deux hommes passaient des journées entières à la ménagerie du muséum d’histoire naturelle (actuelle ménagerie du jardin des Plantes). Ils étudiaient les animaux, leur anatomie, leurs postures, leurs mouvements, leurs expressions. Barye ne verra dans sa vie que des lions en cage néanmoins son approche d’étude méticuleuse permet de représenter un animal d’un grand naturalisme. Le lion semble prendre vie sous nos yeux. Les muscles sont saillants sous l’effort. Barye représente l’instant précédent la mise à mort : va-t-elle avoir lieu ? Le lion semble suspendre son geste.

Derrière cette sculpture se cache un symbole politique fort qui fut largement critiqué par les adversaires de la monarchie de Juillet. En effet, le lion est l’animal symbolique de la monarchie. Le 9 août 1830, après les Trois Glorieuse, Louis-Philippe d’Orléans instaure un nouveau régime politique : la Monarchie de Juillet. Ce groupe sculpté serait donc une représentation de cette accession au pouvoir.

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 A la suite de sa visite au Salon de 1831, le roi Louis-Philippe va commander à Barye une édition en bronze. Livrée au roi en 1836, la fonte est réalisée par Honoré Gonon. Le groupe sculpté va être installé dans le jardin des Tuileries. Certains critiques iront jusqu’à comparer le jardin à un zoo : « Prend-on le jardin des Tuileries pour une ménagerie ? Remettez ce lion en cage ! ». Qu’importe, le groupe va rester sur place jusqu’en 1911. Aujourd’hui le groupe en plâtre est visible au musée des beaux-arts de Lyon et le groupe en bronze, au musée du Louvre dans le département des sculptures.

Photographies: RMN, Musée du Louvre, Wikipedia

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11 novembre 2019

Le hameau de Marie-Antoinette

 

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         « Malbrough s’en va en guerre, mironton, mironton, mirontaine…. ». Voici les premiers mots de l’une des chansons les plus populaires de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Quel est le lien avec le hameau de la reine me direz-vous ? Nous y venons…. Malbrough est une chanson populaire antibritannique, comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. Des couplets furent même intégrés par Beaumarchais dans son célèbre « Mariage de Figaro ». Ayant déplu au souverain, la chanson de Malbrough est censurée.

          Marie-Antoinette, ignorant totalement la censure, est séduite par cette chanson et son air entrainant. Ce que chante la reine devient alors à la mode. Des objets de toutes sortes sont édités illustrant des scènes de  la chanson : vaisselle, éventails, chapeaux etc…. Mais la reine ne s’arrête pas là. En hommage à cette chanson, elle va baptiser l’une des fabriques de son hameau « la tour de Marlborough ».  Bâtiment artificiel, comme le reste du hameau, la tour symbolise à elle seule la vision désinvolte et presque enfantine de la reine, en quête perpétuelle d’insouciance pour échapper à une vie de contraintes à la cour de Versailles.

           Le domaine du petit Trianon est offert par le roi Louis XVI à son épouse au début de son règne. Très vite, il lui offre les terres attenantes afin de construire dans un premier temps un jardin anglais puis un hameau. Nous sommes dans les années 1780, les idées de Jean-Jacques Rousseau sont admirés par certains membres de l’élite et notamment Marie-Antoinette, qui contrairement à ce que l’histoire veut montrer d’elle, aimait les plaisirs simples. Les hameaux, symboles de la rusticité de la vie paysanne, sont construits dans différents domaines : chaumière aux coquillages à Rambouillet, hameau du château de Chantilly…. Dans cette même veine, la reine, toujours à la pointe de la mode, commande à son architecte Richard Mique un hameau.

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            Le projet est dessiné par Hubert Robert, peintre et paysagiste de Versailles. Près de 40 000 arbres sont plantés dans le domaine pour constituer un écrin de verdure autour du hameau. Les maisons sur construites en imitant les chaumières normandes. Mique construit : une tour, un moulin, un boudoir, un billard, un réchauffoir, une maison de la reine. Ces fabriques destinées à la réception sont accompagnés de bâtiments  pour  l’exploitation agricole : une étable, une ferme, une porcherie, une bergerie, deux laiteries, un poulailler etc. Pour faciliter les cultures, un apport de terre est réalisé. Des familles de fermiers viennent s’y installer pour exploiter le domaine. Pour imiter des demeures anciennes, les murs des bâtiments sont peints en fausse brique, en pierre défraîchie ou en bois. Une escarpolette (balançoire) est construite pour les enfants royaux devant la maison de la reine.

            Marie-Antoinette reçoit dans son domaine ses amis proches, ce qui ne manquera pas de susciter de la jalousie de la part de certains membres de la cour, déçus de ne pas faire partis du cercle intime de la souveraine. Des jeux, des goûters, des diners, sont organisés. Lors de ces réceptions, Marie-Antoinette sert à ses invités les produits de la ferme. Il ne faut pas s’y méprendre, l’aspect extérieur plutôt simple des chaumières contraste avec l’aménagement intérieur, décoré avec soin. Le hameau, bien qu’utilitaire, reste un lieu de divertissement. Le « goût rustique » entretenu par la reine a été savamment conçu par les plus grands décorateurs de l’époque.

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            La reine est dans la grotte du jardin anglais de petit Trianon lorsque Louis XVI l’a fait mander en juillet 1789. Elle quitte son domaine pour ne plus jamais le revoir. Le hameau, un temps entretenu par les familles de fermiers, se dégrade rapidement. L’impératrice Marie-Louise, parente de Marie-Antoinette, va faire restaurer le domaine et aura à cœur de lui redonner son lustre d’antan. Il faudra attendre plus d’un siècle pour qu’une nouvelle campagne de restauration soit engagée sous l’impulsion de John Rockfeller dans les années 1930. La tempête de 1999 n’épargne pas le domaine où quantité d’arbres sont déracinés. La dernière campagne de restauration engagée dans les années 2000 permet de restaurer les fabriques les plus emblématiques du hameau. Les décors intérieurs sont rafraichis. Certaines maisons sont remeublées. La ferme du domaine est aujourd’hui un refuge de la fondation assistance aux animaux : chèvres, brebis, lapins, cochons d’inde et divers animaux y sont accueillis.

            Le  hameau de petit Trianon, appelé « hameau suisse » par ses contemporains, sera source de multiples scandales. Vous rendez-vous compte, la reine y recevrait ses amants ! Venez visiter ce petit paradis d’une reine malaimée de ses sujets. Vous y sentirez peut-être ce vent de liberté qui était tant apprécié par Marie-Antoinette.

7 juillet 2019

A la conquête du monde – Darius Ier le Grand, roi des Perses

 

 

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Frise des archers - Palais de Persépolis - musée du Louvre

Au temps des dieux et des légendes, Darius Ier (550/486 av JC) part à la conquête du monde grec afin de d’étendre l’empire perse achéménide. Un siècle avant Alexandre le Grand, Darius va ainsi conquérir les royaumes du monde grec et du Moyen-Orient.  De multiples légendes content l’histoire du plus grand roi perse. Comme souvent à cette époque, son accession au trône est consécutive à un coup d’état. A la tête d’une armée, accompagnée de ses conjurés, il renverse le roi Bardiya. Après avoir assassiné le roi, les conjurés décident de choisir un nouveau monarque selon une méthode plutôt étonnante : le premier de leurs chevaux qui hennira à l’aube rendra son propriétaire roi. Cette méthode est pour le moins farfelue…. Mais Darius est un fin stratège, il fait sentir à son cheval une jument ce qui déclencha un hennissement. L’affaire est faite : Darius devient roi !

Darius perpétue les traditions perses. Il épouse les conjointes de son prédécesseur. Ainsi la reine Atossa, épousera trois souverains durant sa vie. Le dernier étant Darius. Reine cultivée et maligne, elle dirigera le harem de son époux, ce qui lui vaudra une place privilégiée à la cour. La reine Atossa réussira à placer son fils sur le trône parmi les  11 fils du souverain : le roi Xerxès. Ce nom vous dit peut être quelque chose…. Xerxès est le roi perse qui massacrera les guerriers Spartiates menés par Léonidas au défilé des Thermopyles. 


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Palais de Persépolis - Iran

Mais revenons au père de Xerxès. Darius est avant tout un conquérant ; ou du moins, tenta-t-il de l’être. A la tête d’une gigantesque armée, il unifie les provinces perses  et  perpétue le système des satrapies. Ces provinces administratives ont pour principale mission d’apporter un tribut au roi. Les perses ne perdent pas le nord : l’argent est le nerf de la guerre ! Si une satrapie se révolte ou ne paye pas son tribut, la riposte des perses est sanglante. A l’époque, on ne fait pas dans la dentelle : les massacres sont monnaie courante pour servir d’exemple et dissuader toute tentative future.

A la tête de son armée, Darius part à la conquête de l’Asie et remonte le Danube pour envahir le royaume Scythe (actuelle Ukraine et Russie). Il est accompagné d’une armée de plusieurs centaines de milliers d’hommes. Mais les Scythes se défendent avec courage et mènent une véritable guérilla qui poussera Darius à renoncer à ses rêves de conquérir l’Asie.  La campagne est un échec mais Darius trouve alors un nouvel objectif de conquête : la Grèce ! Il prend pour prétexte la révolte de l’Ionie pour justifier son invasion de la Grèce.

La Grèce du Vème siècle avec JC est constituée de plusieurs citée états qui dirigent les différentes provinces du pays. Les cités grecques ne s’entendent pas. Ne dit-on pas qu’il faut diviser pour mieux régner ? Darius est malin. Il profite de ces petites rivalités entre les cités pour les conquérir les unes après les autres. Il est arrêté à Marathon par les athéniens et les platéens.  Après ce nouvel échec, Darius va renoncer à ses prétentions sur la Grèce.


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Frise des lions - Palais de Darius à Suse - musée du Louvre

Le roi n’est pas un grand conquérant, alors comment rentrer dans la postérité ? En quête de gloire, Darius va exceller dans un tout autre domaine que le champ de bataille : il sera un grand bâtisseur. La cour perse est itinérante. Le roi se déplace de palais en palais : Suse, Ecbatane, Babylone…. Darius n’a que l’embarras du choix. Un brin mégalomane, il fait construire sa propre capitale. C’est ainsi que va être érigée la ville de Persépolis (située dans l’actuelle Iran). Persépolis devient le centre administratif de l’empire. Le palais érigé par Darius est somptueux. Entièrement dédié à la grandeur du roi, il est paré de bas reliefs sculptés sur le thème des guerres et de la soumission des ennemis (dans un but pédagogique bien sûr….). Le musée du Louvre en conserve quelques vestiges : la frise des archers et le chapiteau de l’apadana. Les frises en terre cuite vernissées donnent un aperçu de la magnificence du palais. Nous pouvons nous égarer quelque peu dans l’histoire et imaginer que ces archers représentent les célèbres immortels. Ces 10 000 guerriers d’élite, recrutés parmi les meilleurs combattants du royaume, constituaient la garde rapprochée du roi.  Ils étaient craints autant que respectés.

Darius  ne verra pas son palais achevé. Les travaux seront continués par son fils Xerxés et ses descendants. Bien que plusieurs légendes lui prêtent une fin héroïque, Darius va mourir de maladie mais rien ne prouve qu’il fût empoisonné (ce qui était très courant à la cour perse).

9 juin 2019

Mignonne allons voir si la rose …

 

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Qui n’a pas rêvé de vivre une extraordinaire histoire d’amour ? Un coup de foudre au premier regard ; une passion dévorante…. C’est ce qu’a vécu il y a quatre cent ans Pierre de Ronsard pour la jeune Cassandre Salviati. La jeune fille rencontre le  poète à la cour de François Ier. Elle n’a que quatorze ans. Le jeune homme, lui, en a vingt ans. Mais qu’importe ! L’amour n’a pas d’âge non ? Pierre tombe fou amoureux de la jeune fille. L’histoire ne dira pas si cet amour était réciproque. Quoi qu’il en soit, la belle épouse un an plus tard un parti plus avantageux. Pourtant le jeune Pierre n’est pas un poète désargenté comme l’on pourrait le croire. Son père est un héro de la guerre d’Italie. Il est le propriétaire du château de la Possonnière, où Pierre passa son enfance.

Cassandre est-elle le premier amour du poète ? Nous savons peu de choses de leur relation. Elle fut sans doute platonique et relevait plus de l’amour courtois que de l’amour charnel. Ronsard va écrire pour sa belle une série de poème « les amours de Cassandre ». Le plus célèbre est sans doute « Mignonne allons voir si la rose » ; étudié par tous les écoliers depuis des centaines d’années. Le poème, véritable déclaration d’amour à sa belle, est aussi un avertissement  sur le temps qui passe. Et oui, Ronsard prévient sa belle des ravages du temps sur la beauté. Un peu cynique dirons-nous….

Mais comme une fleur l’amour se fane. Pierre de Ronsard, va vite remplacer Cassandre par la jolie Marie, avec qui, par contre, il connaîtra une passion charnelle. Puis viendra Hélène…. « Le prince des poètes et le poète des princes » était un véritable bourreau des cœurs.

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Mais que reste-t-il de notre jolie Cassandre ? Après son mariage, elle tombera dans l’oubli. Pour retrouver une parcelle de sa vie, il faut se rendre dans la vallée de la Loire, au château de Talcy. Cette demeure familiale est achetée par son père Bernard Salviati. Le château est d’aspect moyenâgeux. Etonnant pour un banquier italien qui regorgeait de richesses…...  En 1562, la reine Catherine de Médicis vient honorer les Salviati de sa présence. En effet, en pleine guerre de religion, elle y organise une rencontre avec les chefs protestants. Cette conférence ne sera pas vraiment un franc succès. Dix ans plus tard elle commanditera le terrible massacre de la Saint-Barthélemy.

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Mais oublions les périodes sombres de l’histoire. Le château de Talcy reste avant tout dans nos mémoires pour y avoir accueillie la jolie Cassandre, égérie du plus célèbre poète de la renaissance dont voici le témoignage :

 

Mignonne, allons voir si la rose

 

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre au soleil,

A point perdu cette vesprée,

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las, las ses beautés laissé cheoir

Ô vraiment marâtre Nature,

Puis qu’une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que votre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez votre jeunesse :

Comme à cette fleur la vieillesse

Fera ternir votre beauté.

 

18 mai 2019

La vengeance est un plat qui se mange froid. Zamor, le page de madame du Barry

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8 décembre 1793.  La comtesse du Barry arrive sur la place de la Révolution (actuelle place de la concorde). Ce sont ses derniers instants. Elle attend avec dignité de monter sur l’échafaud devant la foule de curieux venus assister au spectacle.

Mais pourquoi une ancienne favorite royale, pourtant retirée de la cour depuis plusieurs années, est-elle condamnée à mort ? Mais par vengeance bien sûr ! Zamor, son ancien page, vexé d’avoir été renvoyé par sa maîtresse, l’a dénoncé pour « activités contre-révolutionnaires ». La période révolutionnaire est parfaite pour les vengeances privées. La délation est devenue à la mode. Une loi est même votée pour accélérer les procès : « la loi des suspects ». Un soupçon ? Et hop ! On vous envoi à la guillotine ! Madame du Barry sera l’une des victimes de ce massacre institutionnalisé.

Mais revenons quelques années en arrière sur les rives du Bengal…. L’esclavage est alors légal. L’être humain peut devenir un objet de valeur : enlevé, vendu, acheté. Zamor est un enfant bengali victime de ce trafic. Il arrive en France en 1771. Libéré de l’esclavage, il entre au service de la maîtresse du roi Louis XV : la très controversée madame du Barry. Il a 11 ans. Oui oui : 11 ans ! Dans la bonne société l’exotisme est à la mode : jusque dans les serviteurs. Il est de bon ton d’employer un « nègre »ou tout autre personne de couleur. Malsain et raciste me direz vous. Mais non ! Ce sont des aprioris de notre siècle. Au XVIIIème, l’étranger est symbole de voyage, de rêves d’orient, de richesse.

Zamor n’est pas un simple page. Il est choyé et éduqué par la comtesse. Il sait lire (ce qui était réservé aux personnes d’un certain rang) et s’intéresse même à la philosophie. Après la mort de la comtesse, il donnera même des leçons de lecture. A Versailles, il vivra dans le luxe et l’insouciance. Mais en 1774, à la mort du roi, la comtesse tombe en disgrâce. La famille royale, et notamment, la reine Marie-Antoinette, lui voue une haine tenace. Afin de laver ses pêchers, la comtesse est envoyée au couvent.  Et oui, le combat féministe n’est pas franchement d’actualité au XVIIIème. Un homme adultère, c’est tolérable (voire excusable s’il s’agit du roi) mais une femme, ce n’est pas la même histoire…. La peine dure un an. Ensuite la comtesse est autorisée à revenir dans son château de Louveciennes. Avec ses domestiques et Zamor, elle tient des salons littéraires et se lie d’amitié avec des philosophes comme Voltaire.

Il existe un seul portrait de la comtesse et Zamor. Il est réalisé par le peintre de cour Jean-Baptiste André Gautier d’Agoty. Madame du Barry, accoudée à sa coiffeuse, est en train de déguster le chocolat chaud (boisson très à la mode) que lui apporte Zamor. Est-ce un portrait ressemblant de Zamor ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Le talent de Dagoty, peintre de cour spécialisé dans les portraits, était plutôt controversé. Madame Campan, amie de Marie-Antoinette, dira un jour « le plus misérable des artistes ». Quelle ambiance à la cour !

Lorsque la révolution éclate, Zamor se rapproche des milieux révolutionnaires. Il écrit même des pamphlets franchement insultants, sur sa maîtresse. Madame du Barry l’apprend. Très en colère (on peut la comprendre), elle renvoi Zamor. Furieux, il la dénonce et par ce geste, la condamne à mort. Eu t’il ne serais-ce qu’un regret ?  

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28 avril 2019

Baignade dans les jardins de Versailles ! Apollon servit par les nymphes

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Apollon est l'un des rares dieux greco-romain à avoir un emploi à temps plein: du lever au coucher du soleil. Durant l'antiquité on ne connaît pas les 35 heures ! Toute la journée il sillonne les cieux debout sur son char pour distribuer le soleil aux Hommes. Le soir, après une journée bien remplie il retourne sur l'Olympe, la demeure des dieux, pour festoyer et jouer de la musique. Mais avant cela un bain s'impose ! Apollon ne fait rien comme tout le monde: il prend son bain avec de jolies jeunes filles. Oui oui.... Le dieu du soleil peut tout se permettre. Les nymphes, graciles jeunes filles, s'affèrent à la tâche qui n'est pas désagréable : Apollon est le plus beau des dieux ! L'imagination est de mise. Les nymphes sont principalement connues pour multiplier les conquêtes amoureuses. Leur nom sera à l'origine du mot nymphomane.

Au XVIIeme siècle la mythologie est à la mode. Le roi de France Louis XIV va d'ailleurs se travestir à plusieurs reprises en Apollon, dieu du soleil et de la musique. Ce n'est donc pas un hasard si le roi soleil commande au sculpteur François Girardon un groupe sculpté sur le thème d'Apollon servit par les nymphes. Peut-être aurait t'il aimé être à sa place ?

En 1666 Girardon se fait livrer des blocs en marbre blanc veiné. Il lui faudra 6 ans pour sculpter les six personnages monumentaux.  Apollon, pourtant assis, mesure tout de même 1m77 !

Les cinq nymphes regroupées autour d'Apollon s'occupent de sa toilette.  Leurs corps généreux correspondent aux canons de beauté de l'époque.  Au XVIIeme les hommes aiment les rondeurs ! Représenter des personnages mythologique est un prétexte pour effectuer un étalage de nudité. Il serait inconvenant et contraire aux bonnes moeurs de représenter une femme du monde à moitié nue.  Mais une divinité et des nymphes pourquoi pas !

Une fois terminé,  le groupe est installé dans la grotte de Thetys. On lui adjoint deux autres groupes sculptés par les frères Marsy et Gilles Guérin: les chevaux du soleil pansés par les tritons. Louis XIV était particulièrement fier de ses jardins et tout particulièrement de cette grotte. Il s'improvisait guide touristique pour les hôtes de marque et leur fesait visiter lui même ses jardins. La grotte de Thetys était le clou du spectacle !

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Malheureusement la grotte de Thetys va rapidement être détruite à la demande du roi. A la fin de sa vie, Louis XIV devient un homme pieu: peut-être est-ce pour se racheter de ses nombreux  écarts et conquêtes féminines ? Il fait raser la grotte de Thetys pour y construire la chapelle de Versailles. Les groupes sculptés vont alors errer pendant près d'un siècle de bosquets en bosquets dans les jardins de Versailles.

C'est le roi Louis XVI qui met fin à leur itinérance.  Il demande à Hubert Robert, peintre et paysagiste de construire un bosquet pour les accueillir. Il ne fait pas les choses à moitié : bassin, cascades, immenses grottes artificielles... Rien n'est trop beau pour le dieu du soleil ! Le bosquet est réalisé en 1781. Louis XVI n'en profitera malheureusement que quelques années.

Aujourd'hui les groupes sculptés,  trop fragiles, ne sont plus exposés dans les jardins de Versailles. Il s'agit de copies.  Mais l'effet reste tout de même saisissant !  

22 avril 2019

A l'assaut de l'Italie ! Le premier portrait de Bonaparte par David

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1ere version (conservée au château de Malmaison)

L'histoire en marche

En 1799 les autrichiens reprennent Milan. Quel affront ! Bonaparte, alors Premier Consul, profite de ce prétexte pour entamer une seconde campagne militaire en Italie. Le stratège connaît déjà le terrain. N'oublions pas la première campagne d'Italie (1796-1797) durant laquelle le général Bonaparte a libéré/occupé (chacun son point de vue) les royaumes d'Italie.  La première campagne d'Italie reste célèbre pour le Traité de Campo Formio qui permet, sous couvert d'un accord diplomatique entre Bonaparte et les autrichiens, de rapatrier les oeuvres d'art les plus prestigieuses en France et notamment au musée du Louvre. 

Après ce petit historique, revenons en 1799. Bonaparte veut retourner en Italie pour corriger les autrichiens. Son armée franchi les Alpes à pied. La campagne militaire sera un nouveau succès pour celui qui rêve déjà déjà d'établir son empire. 

Devant la progression alarmante des armées du Consulat en Europe, Charles IV, roi d'Espagne, redouble d'attentions diplomatiques envers le 1er Consul, non par entente politique, mais plutôt pour essayer de conserver son trône.  Il multiplie les cadeaux pour amadouer Bonaparte : chevaux, oeuvres d'art, bijoux....Cette technique fort coûteuse ne portera malheureusement pas ses fruits car Napoléon, alors empereur,  décidera d'installer son frère Joseph Bonaparte sur le trône d'Espagne quelques années plus tard. 

Mais revenons à Charles IV d'Espagne. En 1800 le roi décide d'offrir à Bonaparte un cadeau très personnel qui devrait flatter son égo: un portrait équestre de lui même. Pour cela il choisit le peintre le plus en vogue de Paris : Jacques-Louis David.

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2ème version (conservée au château de Charlottenbourg)

Jacques-Louis David: génie de la propagande 

David est un grand admirateur de Bonaparte depuis de nombreuses années. Peintre des temps forts de la Révolution, il va solliciter le général victorieux après la victoire du pont de Lodi (1ere campagne d'Italie) pour réaliser son portrait. Bonaparte ne donnera jamais suite. Lorsque Charles IV s'adresse à David pour réaliser le portrait de son héro,  celui-ci va s'atteler à la tâche avec passion. Il ne va pas réaliser un tableau mais cinq! Le cinquième il le gardera toujours auprès de lui dans son atelier ce qui témoigne de son affection sincère pour Bonaparte.

David est un peintre talentueux et engagé. Pendant la période révolutionnaire il sera notamment à la direction  du Comité d'instruction publique, autrement dit, en charge de la propagande du régime. Érudit, David est un peintre cultivé. Prix de Rome en 1772, il va voyager en Italie et étudier les oeuvres d'art et monuments de l'Antiquité et de la Renaissance. Ce n'est donc pas par hasard qu'il va choisir la composition du tableau commandé par Charles IV. 
Il décide de représenter Bonaparte au début de la seconde campagne d'Italie. Le consul s'apprête à franchir la frontière avec son armée de réserve. La scène est historique mais la représentation est fortement inspiré des portraits équestres antiques. Le général se dresse fièrement sur son cheval. Son visage calme et déterminé tranche avec le caractère fougueux et impulsif de la bête qui se cabre sur ses pattes arrières.  Sur la version du tableau conservée au château de Malmaison, le futur empereur porte une longue cape jaune qui tranche avec le bleu de son uniforme.

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3ème version (conservée au château de Versailles)

Malgré les sollicitations du peintre, Bonaparte a refusé de poser. Selon lui la ressemblance avec le modèle n'a que peu d'importance: seul le caractère et la détermination comptent. Il va néanmoins prêter à David l'uniforme qu'il porta lors de la bataille de Marengo. Avec ses élèves,  le peintre va habiller un mannequin en bois avec cette tenue et s'en servir de modèle. Pour le cheval, David va s'inspirer de plusieurs oeuvres célèbres dont les chevaux de Marly par Guillaume Coustou (aujourd'hui conservés au musée du Louvre) et les Dioscures (groupe alors placé sur la place du Quirinal à Rome).

Bonaparte, tel Alexandre sur Bucéphale,  s'inscrit dans la lignée des grands hommes de l'histoire. David, génie de la propagande,  a inscrit trois noms sur la pierre située en bas du tableau: Bonaparte, Annibal, Karolus magnus imp  (Charlemagne). 

Il compare ainsi le général à deux grands hommes, à la fois soldatset politiciens: Annibal l'africain qui fit trembler Rome lors de la 2ème guerre punique et Charlemagne qui envahi l'Italie pour se faire sacrer empereur par le Pape à Rome. 

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4ème version (conservée au palais du Belvedère)

Le tableau intitulé "Bonaparte franchissant le col du Grand-Saint-Bernard", est présenté en 1803. Bonaparte va beaucoup apprécier ce tableau qui constitue son premier portrait de propagande. David  va devenir son peintre attitré.  Il réalisera une importante production de tableaux dédiées à la gloire de l'empereur et de sa famille. Pour la petite histoire, le tableau va être exposé au Louvre pendant deux mois. Fait rarissime pour l'époque,  l'exposition sera payante ce qui va susciter un véritable scandale. Le tableau va être envoyé en Espagne puis reviendra en France après l'abdication de Joseph Bonaparte en 1813. Véritable source d'inspiration pour les contemporains, il sera repris sur différents supports: tapisserie, gravures, porcelaine....

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5ème version (conservée au château de Versailles). Cette version  est celle que David conservera toute sa vie auprès de lui.

Aujourd'hui trois versions sont visibles en France: au château de Malmaison (1ere version) et au château de Versailles (3ème version).

Laquelle préférez-vous ?

 

 Photographies: wikipedia

 

 

7 avril 2019

A la découverte du palais enchanté

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L'actuel  château de Cheverny est construit au XVIIeme sur les vestiges d'un édifice plus ancien construit vers 1500 lorsque la vallée de la Loire abritait les résidences royales. C'est la grande mademoiselle qui donnera le surnom de palais enchanté au château lors d'un séjour au sein de la famille Hurault, propriétaire du domaine. La décoration du château, encore visible aujourd'hui,  est l'oeuvre de Jean Monier,  décorateur de la reine Marie de Médicis.

 

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La visite du château débute par la salle à manger ornée de panneaux en bois peint sur le thème de Don Quichotte.  Lors de ma visite, un déjeuner de Pâques prenait place dans le somptueux décor neo-gothique du XIXème siècle.

Au 1er étage, les petits appartements privés permettent de découvrir des pièces plus intimes décorées dans le goût du XIXème. La salle d'arme, reconstitution postérieure, présente plusieurs  armures renaissance. Vous y découvrirez une malle de voyage ayant appartenu au célébre roi de France et de Navarre: Henri IV. La chambre dite chambre du roi, réservée aux hôtes de marque, est la pièce la plus somptueuse du château.  Le lit à baldaquin est flanqué de tapisseries illustrant l'histoire d'Ulysse d'après des cartons du peintre Simon Vouet, premier peintre du roi Louis XIII.

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Le parcours de visite se poursuit avec les pièces de l'aile gauche du rez de chaussée: vestibule, grand salon, galerie, salon des portraits, bibliothèque et salon des tapisseries. Attardez-vous sur les tableaux notamment les portraits de famille par François Clouet.

A la fin de la visite n'oubliez pas le parc du château.  Le jardinier  des tulipes, planté de 150 000 bulbes offre une perspective presque impressionniste sur la rivière.  Cheverny est un haut lieu de la venerie.  Vous pourrez assister à la soupe des chiens tous les jours en fin de mâtinée. 

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Cheverny est également célébre grâce au talentueux Hergé,  créateur de la bande dessinée Tintin, qui s'inspira du château pour créer le château de Moulinsart.  Cheverny rend hommage au château du capitaine Haddock à travers une exposition permanente située à l'entrée du domaine.

17 mars 2019

Une journée .... sur les pas des comtes de Flandre!

 

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En Belgique, au cœur de la région flamande,  se dresse fièrement la ville de Gand (Gent en flamand). Au confluant entre le Lys et l’Escaut, la cité fut occupée dès l’antiquité par les francs puis par les vikings (les gantois s’enorgueillissent d’ailleurs d’avoir du sang de ces fiers guerriers dans leurs veines). La cité est reprise aux mains de l’envahisseur par les comtes de Flandre qui dirigeront le comté pendant plusieurs siècles. Au Moyen-Age Gand est une cité riche grâce au commerce florissant des draps de laine. L’empereur Charles Quint y verra le jour en 1500. L’histoire de Gand est toute aussi passionnelle que passionnante : flamands, bourguignons, espagnols, calvinistes vont s’y déchirer au fil des siècles. Cocorico ! Louis XVIII, roi de France, vient s’y réfugier avec ses proches lors des cent-jours.


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Résidence des comtes de Flandre, le château médiéval se dresse fièrement au cœur du centre historique de Gand. Les premières constructions datent du Xème siècle du temps du comte Baudouin Ier de Flandre. L’édifice actuel, construit autour d’un imposant donjon est édifié par le comte Philippe d’Alsace au XIIème siècle. La visite du château se déroule autour de l’histoire des comtes les plus célèbres. Philippe d’Alsace, croisé au tempérament volcanique, va façonner le château tel que nous le connaissons aujourd’hui. Appliquant une politique sévère, il va diriger le comté d’une main de fer. Les oubliettes, salles de torture, prisons, restent en témoignage.

En sortant du château, dirigez vous vers la cathédrale Saint-Bavon. La promenade entre ruelles et médiévales et quais fleuris est sublime. Antiquaires, cafés, restaurants, fleuristes, galeries d’art, baraques à frittes, chocolatiers, échoppes de cuberdons…. Il y en a pour tous les goûts ! Le graslei est le quai historique de la ville. Longeant la Lys, il est bordé de maisons aux façades chamarées : la maison romane (plus ancienne maison du quai), la maison de Beerie avec sa façade rouge….

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La cathédrale Saint-Bavon est un chef-d’œuvre de l’art gothique. Ancienne collégiale, l’édifice devient une cathédrale sous l’empire de Charles Quint. Malgré quelques incidents (destruction des vitraux et incendies au XVIème dans le contexte des guerres de religions), l’édifice est admirablement conservé : escalier en pierre bleue de tournai, pavements de marbres de couleurs, autels baroques… Le chef d’œuvre de la cathédrale est le retable de l’agneau mystique peint par les frères Van Eyck au Xvème siècle (visite guidée uniquement).

 

9 mars 2019

Aujourd’hui on part ….. à la conquête des fleuves de France !

 

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Touage, halage …. mais de quoi parle t’on ? De bateaux bien sûr ! Pour découvrir l’univers de la batellerie rendez-vous  au musée de Conflans-Sainte-Honorine. Ce petit musée municipal est niché au cœur d’un ancien prieuré dédié à la guérison des malades confiés aux bons soins de Sainte-Honorine.

Capitale de la batellerie, Conflans-Sainte-Honorine surplombe la Seine en amont de Paris. Cet emplacement stratégique permettait de surveiller le trafic fluvial et percevoir des droits de péage pour les marchandises circulants sur le fleuve.

Le musée est principalement consacré à l’activité fluviale française durant le XIXème siècle : âge d’or de la batellerie.

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Maquettes, dioramas, plans, ex votos, cornes de brumes, faïences…..  Les collections sont éclectiques pour intéresser le plus grand nombre. Les amateurs du génie civil seront conquis : ascenseur à bateaux, ponts, écluses….  

Le caisson-batardeau est une découverte tout à fait étonnante. Cette invention du XIXème permettait de réaliser des travaux de construction au fond des canaux. La « cloche » en fer était immergée. Par un système d’air comprimé, les ouvriers pouvaient alors travailler sous la cloche dans une chambre d’air, plus ou moins en sécurité….

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Les collections se terminent par un hommage aux scaphandriers : héros oubliés. Aujourd’hui disparu, le métier de scaphandrier consistait à descendre dans les profondeurs des canaux pour effectuer des travaux de renflouement. Equipés du célèbre casque en cuivre, les hommes s’enfonçaient dans les profondeurs pour parfois ne jamais remonter.

Le prolongement de la visite est une petite balade sur les chemins de halage pour contempler les péniches des bords de Seine. Un plan de la ville, distribué à l'entrée du musée, vous proposera plusieurs circuits de découvertes.

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